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PREMIERES : 7 & 8.06.2021, TB2, LES BRIGITTINES

LE MATCH

MATCH 2 questionne les idées d’amélioration et de progrès qui animent notre société à tous les niveaux – économiques, hiérarchiques et familiaux – et pour lesquels ces deux figures féminines ne trouvent aucun intérêt ou pertinence. Jouant du double sens du mot « match », elles détournent la compétition au profit du jeu qui exige des joueuses qu’aucune ne puisse gagner. Car si l’une gagne, le jeu s’arrête ! Ainsi, leur compétition féroce se joue des manifestations les plus subtiles de la concurrence – le jugement constant, la comparaison et l’envie entre les individus. Mais au fond, leur compétition est une source inépuisable d’entraide. Elles matchent véritablement et se maintiennent à égalité pour le fun et la puissance que leur échange crée !  Au service d’une compétition sans limites, elles nourrissent, sur l’autre versant de la médaille, une rencontre hors normes, hors cadre et hors la loi (de la jungle). Transgressant l’être, l’égo, l’individu et obligées de ricocher, rétorquer, surenchérir, elles fusionnent dans la construction d’un langage à deux, langage qui n’appartient à aucune mais qui les réinvente à chaque instant. 

L’EGALITE DES JOUEUSES

Sabina est danseuse et chorégraphe d’origine roumaine. Elle sait bricoler et faire de la plomberie sans l’avoir appris de son père. Elle est une sorte de sorcière herboriste. Elle sait conduire, même à Bruxelles, et dans son temps libre elle fait des budgets et du bateau. Elle est sur Tinder.
Vilma est danseuse, chorégraphe, actrice, metteuse en scène, d’origine lituanienne. Donc aussi une fille de l’Est. Elle sais faire le ménage en écoutant de la musique, elle est une sorte d’agricultrice comme son père. Elle n’as pas de permis mais elle a une voiture, elle sait faire du vélo sans les mains, même à Bruxelles, et dans son temps libre elle fait des budgets et s’occupe de son copain.

LA LOI DE LA JUNGLE

MATCH 2 tente une autre vision de la concurrence, caractéristique essentielle du néolibéralisme, déterminant non seulement l’économie du marché, mais aussi notre vie quotidienne, notre travail et nos relations. Le model de la société occidentale prévoit que l’amélioration de l’individu passe par la concurrence avec les autres. Et que le meilleur gagne ! La loi du plus fort a dominé le discours et la pensée occidentales des derniers siècles. L’évolution en serait tributaire. On oublie pourtant ce qui semble évident, si le meilleur gagne, beaucoup perdent et celui qui gagne se retrouve bien seul. Ce modèle n’est pas viable, la loi du plus fort ne peut pas être, comme le néolibéralisme laisse à penser, à l’origine de l’évolution des espèces. 
Une autre loi, bien plus efficace et acquise depuis des millénaires chez toutes les espèces et particulièrement chez les êtres ultra-sociaux que nous sommes c’est la loi de la collaboration et de la solidarité. Les arbres partagent des nutriments par leurs racines, les oiseux s’avertissent du danger en poussant des cris stridents, les crocodiles ouvrent leurs mâchoires et laissent les oiseaux leur nettoyer les gencives, les manchots se regroupent pour résister au froid sur la banquise, les pucerons se font adopter par les fourmis qui protègent leurs oeufs en contrepartie de la sécrétion sucrée des pucerons, les chats et les chiens troquent leur liberté contre la sécurité du garde-mangé que leur assurent les humains contre leur douce compagnie.
La collaboration est observable partout dans la nature, à l’intérieur des espèces — les lionnes chassent ensemble, comme entre les espèces — les bactéries dans nos intestins. Et cette collaboration planétaire est la source première de l’équilibre extraordinaire que le vivant a acquis. Ce n’est pas le plus fort qui survit mais le plus coopératif. Ou autrement dit, le plus fort c’est le plus coopératif et pas le plus compétitif. Les animaux l’ont bien compris, la concurrence est dangereuse, stressante, risquée. Ils ne rentrent en compétition que très rarement et ont même trouvé une astuce incroyable pour ne pas devoir se battre. Ils font semblant. Ils s’impressionnent mais partent en courant dès que le danger devient réel. Le faire semblant a permis que dans la nature une forme d’équilibre s’établisse dans les situations de compétition. Tant que  les adversaires font semblant d’être égaux, aucun des individus ne peut gagner et personne ne s’y risque. C’est cette dimension de semblant de compétition que MATCH 2 propose pour révéler l’autre loi de la jungle : la loi de la coopération.

CREATION : VILMA PITRINAITE & SABINA SCARLAT
CONCEPT : VILMA PITRINAITE & EMILY GASTINEAU
COSTUMES : SABINA SCARLAT
LUMIERES : CAROLINE MATHIEU
DRAMATURGIE : PASCALE GIGON
VIDEO : ZOLTAN MOLTAR
PRODUCTION : WE COMPANY & GARAGE29
COPRODUCTIONS  : LES BRIGITTINES, CHARLEROI DANSE

 

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