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Cette conférence dansée fait partie du déploiement de ma recherche infinie vers et autour du merveilleux, ce concept à la fois poétique, scientifique, rationnel, inconscient, intuitif, ambivalent et etc. Cette fois, je m’émerveille sur l’histoire des forêts et de ses êtres vivants qui sont responsables de la permanence humaine sur la terre.
Ailton Krenak, philosophe indigène d’Amérique du Sud, a publié ses idées sous les titres « Idées pour retarder la fin du monde » et « La vie n’est pas utile ». Mon travail sera de traiter ses mots comme une partition et danser comme une façon d’habiter les mots de quelqu’un qui dénonce la dévoration du monde. En étant occupé pendant ces dernières années avec le livre « Catatau » de Paulo Leminski, poète brésilien, qui a écrit une histoire fictive dans laquelle René Descartes arrive au Brésil sur un bateau, j’ai compris qu’au lieu de voyager au Brésil, même fictivement, il serait plus interessant de faire venir les pensées philosophiques des habitants de la forêt, plutôt que de faire arriver les philosophes européens aux tropiques (car cette histoire là nous la connaissons déjà très bien). Eliane Brum, une des plus importantes journalistes brésiliennes de l’actualité, affirme que pour chercher des solutions pour éviter la catastrophe climatique il faut écouter et se rappeler que les solutions viendront plutôt de ceux qui ont toujours protégé la forêt et non pas de ceux qui l’ont toujours détruit.
Ce solo est comme un hommage à ses pensées, qui me sont chères, et qui ne sont pas toujours évidentes à comprendre pour ceux, comme moi, qui habitent dans les métropoles, car elles sont des critiques directes à notre modèle de société. En plus, je vois des connexions philosophiques entre ses pensées et celles d’autres artistes de la musique et de la danse post-moderne et contemporaine (John Cage et Ezster Salamon).
Face au zeitgeist de notre époque, la catastrophe climatique, la mort imminente de la plus grande forêt tropicale de la planète et encore d’autres perils et défis, en tant qu’artiste chorégraphique je me pose les questions suivantes : Est-ce qu’on sera capable de reforester/reboiser/re-planter, devenir forêt avec nos corps et nos villes, construire une petite maison dans la forêt, comment allons-nous chercher la joie et du plaisir pour ne pas tomber dans l’angoisse mélancolique et éco-climatique ? Comment faire une danse pour repousser la fin d’un monde ?
PARTENAIRES :
Chorégraphie et performance : Bruno Freire sur base des textes de Ailton Krenak
Assistanat : Manon Santkin
Production Entropie production (BE)
Avec le soutien de Bourse à la recherche – Charleroi danse, centre chorégraphique de Wallonie – Bruxelles, Bourse à l’expérimentation – Service de la Danse de la Fédération Wallonie – Bruxelles, Festival International BAM (Siby/Bamako – Mali), Santarcangelo Festival (Italie), WorkspaceBrussels, BUDA Kunstencentrum (Courtrai)
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